Mon déclin financier causé par les jeux de hasard

Je m’appelle Jack. Je suis un homme de 38 ans qui vit un mariage heureux avec deux enfants âgés de 11 et 13 ans. Outre les cas plutôt rares où j’ai acheté un billet de loterie et un billet pour le tirage 50/50, les jeux de hasard ne m’intéressaient pas du tout; mais tout cela a changé il y a un an. En fait, si l’on m’avait demandé à l’époque mon avis sur les jeux de hasard, j’aurais dit qu’il s’agissait d’une perte totale de temps et d’argent.

Qu’est-ce que j’ai fait pour me retrouver dans un pareil pétrin? Tout cela semblait assez inoffensif au départ. Il y a un an, moment auquel ma fille participait activement à la natation de compétition, je l’amenais à un bon nombre de séances d’entraînement et d’épreuves. Bien que les épreuves m’aient beaucoup plu comme spectateur, je trouvais fastidieuses les séances d’entraînement – on n’avait rien d’autre à faire que de rester assis. Un samedi, je pensais à un établissement d’appareils de loterie vidéo situé tout près de la piscine. Un de mes collègues m’a dit qu’il venait de gagner 1 000 $ en jouant à un jeu de loterie vidéo. À ce moment-là, la situation financière à la maison était quelque peu tendue. Même si le fait de gagner 1 000 $ aurait grandement contribué au règlement de nos factures, je savais que cela ne changerait en rien notre monde.

Alors, je me suis rendu à l’hôtel pour faire le tour de l’établissement. J’ai été surpris d’y découvrir un si grand nombre de personnes. En effet, il a fallu que j’attende qu’un appareil de loterie vidéo soit libre. Je ne savais pas du tout comment me servir de la machine; donc, je me suis assis pour me familiariser avec quelques boutons. Le joueur assis à la machine avoisinante m’a donné un coup de main. Je lui ai dit que j’aimais jouer aux cartes; il s’est penché vers ma machine et a appuyé sur quelques boutons et, voilà, un jeu de vidéopoker a apparu à l’écran.

J’ai déposé 20 $ et me suis mis à parier en tranches de 25 cents, mais il ne s’est pas produit grand-chose – même si j’ai gagné quelques paris, j’en ai perdu bien d’autres. Le gars d’à côté a dit qu’il s’était aperçu que je ne pariais qu’en tranches de 25 cents. Il a mentionné qu’il serait impossible de gagner les gros lots si je continuais de parier de telles petites sommes. Il a ajouté que puisque c’était si tôt dans la journée, il fallait probablement que la machine « se réchauffe » avant de payer des gains. Je trouvais ça drôle à l’époque, mais après son départ j’ai augmenté mes paris à 1,25 $ pour tenter de nouveau ma chance. Ironie du sort, la machine a commencé à me remettre de l’argent jusqu’à ce que les gains s’élèvent à environ 400 $. C’est à ce moment-là que mon téléphone cellulaire a sonné – c’était ma fille qui appelait pour me dire que sa séance d’entraînement avait pris fin. Pour expliquer mon retard, j’ai murmuré quelque chose indiquant que j’avais croisé un ami au centre commercial, mais que je partirais tout de suite pour la piscine.

En route vers la piscine, j’avais des pensées et des sentiments qui me tourbillonnaient dans la tête. Je me sentais d’abord arrogant – j’avais un portefeuille bourré de billets totalisant 400 $ — suivi d’un sentiment de culpabilité car c’était mon premier mensonge anodin raconté à ma fille. Je pensais ensuite que je devais cacher l’affaire à ma femme, attribuable en partie au fait qu’elle s’opposait encore plus aux jeux de hasard que moi.

J’ai évité les appareils de loterie vidéo pendant quelques semaines – principalement parce que je me sentais un peu embarrassé à propos de la facilité avec laquelle j’ai pu mentir à ma fille et cacher l’affaire à ma femme. Un jour, mes amis et moi sommes allés à un bar-salon après une partie de hockey; nous avons contribué 5 $ chacun pour jouer à un jeu de loterie vidéo. L’argent a disparu aussi vite que l’éclair, et nous avons tous quitté l’établissement. Après avoir fait le tour de la rue, je n’ai pas tardé à retourner au bar-salon, où je me suis retrouvé devant la même machine. Selon moi, il y avait lieu de croire que la machine allait payer des gains, partiellement à cause de la façon désordonnée dont mes amis avaient joué auparavant. Il a fallu 20 minutes à peine pour que j’encaisse 600 $! Ce gain m’a permis de payer une méchante facture Visa. À la suite de ce coup de chance, j’ai réduit mes activités de jeu sur les machines. C’était comme si j’étais tombé par « hasard » sur un petit secret, mais que je n’étais pas certain de ce que signifiait au fond ce succès.

Rappelons que je suis un gars ordinaire et que je ne suis pas devenu un joueur excessif du jour au lendemain. Peu à peu, mes activités de jeu devenaient de plus en plus fréquentes : parfois après le travail; d’autres moments, où j’attendais la fin des séances d’entraînement de ma fille. Il n’en demeure pas moins qu’il était vachement facile de camoufler mes activités de jeu – Je n’ai pas manqué de saisir l’occasion de conduire les enfants n’importe où, car cela m’a donné la chance d’aller jouer.

Je crois avoir débordé les limites de ce qui est normal le jour où j’étais chez mon frère. J’écoutais d’une oreille discrète le bavardage de ma belle-sœur au moment où j’ai eu fortement envie d’aller jouer. J’ai annoncé qu’il me fallait partir sous prétexte de rentrer chez moi pour aider mon fils à faire ses devoirs. Je me souviens du soulagement que j’ai ressenti au moment de m’asseoir, en attendant un heureux « jour de paie ». Après tout, j’avais observé avec suffisamment d’attention ma part de « mauvais » coups de la part de joueurs d’appareils de loterie vidéo pour savoir ce qu’il fallait faire pour gagner sur n’importe quelle machine. Cependant, ce soir-là, les dieux du jeu m’ont abandonné, et tout le « savoir » que j’avais acquis ne semblait servir à rien. En l’espace de 5 heures à peine, je me suis rendu à cinq reprises à un guichet automatique bancaire et perdu 1 200 $; alors, j’ai décidé de partir.

Malheureusement, ma femme a appris – après avoir téléphoné chez mon frère – que cela faisait des heures que j’étais parti. Je lui ai dit que j’étais parti assister à un dîner d’adieu organisé en l’honneur d’un collègue. Pour la première fois de ma vie, je venais de dire un énorme mensonge à ma femme. Celle-ci a cru l’histoire, et je savais qu’il était peu probable qu’elle vérifie s’il s’agissait ou non d’une vraie histoire.

Je m’occupe des affaires bancaires de la famille. Je serais la seule personne à être au courant des 1 200 $ en cause. Il serait sans doute euphémique de dire que je trouvais écoeurant ce que j’avais fait. Je me suis juré de ne jamais agir de la sorte. Le seul problème, c’était de reprendre la somme de 1 200 $. J’ai évité à tout prix les appareils de loterie vidéo pendant deux semaines, ce qui m’a permis de prendre un certain recul pour trouver une façon de décrocher vite des gains sur les machines. Je serais alors en mesure de reléguer cette expérience aux oubliettes. J’avais fait de mauvais choix sur la machine ce soir-là et je pensais que je serais beaucoup plus sage la prochaine fois.

J’ai fait preuve d’une grande minutie pour planifier ma prochaine « aventure » dans l’univers des jeux de hasard. Je suis parti avec de l’argent comptant seulement. En outre, j’ai inventé une histoire crédible pour justifier une sortie de cinq à six heures. J’étais résolu à étudier les machines de manière à pouvoir choisir le bon moment et la bonne machine pour récupérer mes pertes. J’avais également décidé d’avance du montant que je pouvais me permettre de perdre, sans oublier de mentionner que j’étais déterminé à m’empêcher d’être trop avare. Par exemple, si je réussissais à gagner au plus 500 $, je partirais. Il n’est pas difficile de prédire le résultat. Mes gains totalisaient effectivement 600 $, après quoi j’ai décidé de changer de machines en vue de gagner le très gros lot. Inutile de dire que ma chance est tombée à l’eau : j’ai perdu les 600 $, en plus de 1 000 $. Je suis rentré furtivement à la maison pendant que tout le monde dormait; j’ai pris ma carte de débit pour retirer encore plus d’argent. J’ai fini par tout perdre.

Voilà la méchante situation dans laquelle je me retrouve maintenant – des pertes de l’ordre de 10 000 $, et ma femme est d’avis que tout va bien. Encore pire, l’histoire se répète maintes fois – je me promets de ne plus participer aux jeux de hasard, puis je ne cesse de briser ma promesse. Le seul problème, c’est que maintenant ma femme exprime son désir de partir en voyage. J’évite d’en parler, car il ne reste plus d’argent.

Bien entendu, je pouvais confesser l’histoire au complet au risque de perdre ma femme et ma famille. Peut-être que je pourrais assister à ce genre de réunion où les participants échangent des idées tout en buvant du café. Je ne me suis jamais plaint de mes problèmes, d’autant plus que c’est moi l’auteur du désordre. Je ne suis pas une mauvaise personne; je ne sais pas comment les choses ont pu tourner au vinaigre.

Une grosse déception….

 « Pour bien des personnes, le jeu excessif se manifeste rapidement. Le fait de vivre des gains tôt dans le jeu influe souvent sur les perceptions du joueur vis-à-vis des jeux de hasard, selon lesquelles l’activité passe d’une forme de divertissement à un moyen de gagner de l’argent. Le joueur excessif favorisera l’atténuation de sa situation en reconnaissant l’existence d’un problème et en voulant obtenir de l’aide. »

Back to Top